Un vent de colère souffle sur le maquis …
Un projet de centrale photovoltaïque de plusieurs hectares dans mon minuscule village du bout du monde m’amène à m’intéresser à ce qui se cache derrière cette pseudo-écologie..
En effet, la Corse est en train d’être défigurée par un déploiement accéléré de projets photovoltaïques et éoliens dont on n’a pas encore pris la mesure, en vue de l’échéance de 2050 où elle devra être autonome en énergies renouvelables (seulement de l’éolien, du voltaïque et de l’hydraulique).
Depuis quelques années, le maquis se couvre de panneaux métalliques bleus, et les crêtes des montagnes se hérissent de pylônes plastico-métalliques blancs surmontés d’immenses pales.
Il est à noter que le Cap Corse avait été une des premières régions massacrées visuellement par les éoliennes , celles de Rogliano et d’Ersa, en 2001, dans un climat de scandale financier aussi bien du côté d’EDF , à travers sa filiale SIIF, que du côté des élus ( voir les deux liens suivants sur un scandale financier et un détournement de subventions européennes)
Article de Libération: « Avis de bourrasque judiciaire sur les éoliennes du Cap Corse »:
Article du Monde: « Une enquête sur l’installation d’éoliennes met au jour le financement occulte du FLNC »:
A l’allure où vont les choses et devant le nombre important de projets en cours, nous risquons fort de regretter amèrement le temps où l’Italie participait à notre approvisionnement électrique , quand la Corse était encore la plus belle….
En effet, ses espaces vierges, son ensoleillement et surtout le tarif préférentiel auquel EDF y rachète l’électricité ( 30% plus cher que sur le continent) en font désormais une proie de choix pour des entrepreneurs privés gourmands, quand on sait les sommes colossales que l’exploitation de ces énergies rapporte.
Tout le monde s’y met et les reconversions vont bon train: certains sont même déjà à la tête de plusieurs « fermes » voltaïques.
Les maires, auxquels on fait miroiter des bénéfices pour leur commune, se laissent facilement démarcher , croyant participer ainsi à une « transition » qui n’a d’écologique que le nom, bien souvent sans concertation aucune avec la population, qui se retrouve un beau jour avec une éolienne sous ses fenêtres.
Le système des compensations prévues par les entrepreneurs pour le préjudice subi se révèle souvent décevant et inéquitable: de toutes façons , comment pouvoir chiffrer et monnayer de tels dommages sur le patrimoine naturel? Et sur notre santé , comme nous le verrons ensuite.
Il arrive que les services de l’Etat, parfois peu regardants , omettent de tenir compte des lois Littoral, Montagne, Trame verte ou bleue, inscription des sites et autre Charte Paysagère censées protéger les sites remarquables, ainsi que des nombreuses études d’impact écologique maintenant obligatoires, tant est grande l’urgence d’atteindre cette autonomie énergétique vantée par les médias mainstream.
Il faut dire que le mot « autonomie » résonne très positivement dans l’île, qu’elle soit énergétique ou autre…
Il est à noter que la Corse n’est pas autonome alimentairement, malgré du soleil, de l’eau et des terres vierges à profusion, et que nulle autonomie alimentaire n’est prévue à aucun horizon…. Cette autonomie -là devrait pourtant être la seule recherchée.
Rien n’est donc laissé au hasard dans cette course effrénée, et tout est en place pour une adhésion sans faille de la population.
Le vocabulaire employé pour vendre ce déploiement de technologies nouvelles, « fermes » voltaïques, « parcs » éoliens, transition « écologique » , énergies « vertes », renvoie joliment à des images de nature ou de paysannerie ancestrale inoffensive. Certains n’hésitent pas à donner à leur projet le nom de merveilleux arbustes du maquis , comme « Myrte », maquis qu’ils dévastent par ailleurs à grande vitesse.
Les mines réjouies des bergers auxquels on a offert des hangars voltaïques , qui expriment régulièrement leur joie et leur reconnaissance dans les médias, achèvent ainsi de nous convaincre que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Comment ensuite pouvoir décemment oser se positionner contre des « fermes » ou des énergies si « propres »?
Pour en revenir au village de Barrettali ( une centaine d’habitants à l’année, répartis dans une douzaine de minuscules hameaux), il est en « site inscrit » et également soumis aux lois Montagne et Littoral qui n’autorisent pas une centrale photovoltaïque en discontinuité de l’existant; les services de l’Etat vont donc devoir passer outre tout cela.
Même l’emplacement choisi laisse perplexe :sur la carte ci-après, entre les chemins bleu et rouge, ce qui est entouré en gris.
A moins de 500 mètres d’un hameau abandonné du XVIème siècle en remarquable état de conservation, et à proximité immédiate de deux sentiers de randonnée, « La boucle patrimoniale de Minerbio » et « Les hameaux supérieurs », tout cela bien visible du magnifique Chemin des Crêtes , haut-lieu patrimonial du Cap, qu’ont arpenté nos ancêtres depuis des temps immémoriaux, et très prisé des randonneurs amoureux de notre île.
Deux ZNIEFF ( Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique) se trouvent à moins de 600m du site : les Crêtes asylvatiques du Cap Corse ( à 300m) système écologique particulier présentant une grande richesse floristique et faunistique, et les Chênaies vertes, dont la faune et la flore sont classées comme déterminantes. Deux couples d’aigles royaux y sont observés régulièrement.
Ce site comprend également une trame verte, corridor biologique pour la faune locale.
Quelques espèces y présentent un intérêt patrimonial: le lézard tyrrhénien, le lézard des souches, ainsi que la tarente de Maurétanie.
Ainsi que des espèces potentiellement nicheuses comme un couple de milans royaux, le venturon corse, la fauvette sarde, le faucon crécerelle et la huppe fasciée.
Toutes ces espèces seront fortement impactées pendant au moins 6 mois par les travaux de terrassement et les activités de chantier , bruit, poussière, déplacement d’engins..
Ci-après, photomontage après terrassement du maquis.
Et c’est aussi tout un potentiel touristique qui se détournera de l’île, sans parler de la décote immobilière des constructions avec vue sur éolienne ou centrale voltaïque…
Ci-dessous, photo de la centrale photovoltaïque de Meria, sur la côte est du Cap Corse, qui va prochainement voir doubler sa surface:

On nous dit que le maquis n’a aucune valeur: outre que ce sont nos paysages qui sont sacrifiés dans cette course folle, c’est-à-dire le fondement de notre culture, nos racines à tous les sens du terme, c’est la flore et la faune qui sont abîmées sur l’autel d’un profit colossal que l’on maquille de vert.
Une plante banale comme l’immortelle corse, dont le succès ne faiblit pas depuis plusieurs dizaines d’années en raison des ses extraordinaires et multiples propriétés, est emblématique de la richesse de notre maquis, formidable réservoir de vie dont nous n’avons pas fini de découvrir les trésors, et dont nous risquons fort d’avoir besoin dans les temps de réchauffement climatique qui s’annoncent.
En effet, qu’avons-nous de plus précieux que notre terre?
Ci-dessous, la vue que nos amis de Canari auront de la place du clocher : en noir l’emplacement de la centrale photovoltaïque, sur lequel n’apparaissent pas la dizaine de bâtiments de stockage, transformateurs et autres onduleurs ,pouvant atteindre jusqu’à 6 m de hauteur.

D’autant plus , et j’en arrive au coeur du problème, que cette « transition écologique » se révèle être la grande imposture du 21 ème siècle,comme les quelques très sérieux documents suivants le démontrent.
Article suivant de Reporterre du 6 juillet 2020, « Ne nous parlez plus de transition écologique »
Article suivant de Contrepoints » Eoliennes : Une gigantesque escroquerie » :
Article de La tribune; » Eoliennes géantes : Va-t-on défigurer la France pour rien ? « :
En résumé, nous n’avons absolument aucun besoin de ces énergies nouvelles, car elles contribuent à :
-Augmenter notre facture d’électricité, par le biais de la CSPE qui sert à rembourser EDF des pertes importantes liées à ces énergies renouvelables. Il faut savoir en effet qu’EDF est contraint de racheter le MW à 84 euros (et donc encore 30% plus cher en Corse) qu’elle revend à 40 euros seulement sur le réseau. La différence est donc financée par les ménages français au moyen de cette nouvelle taxe de 16% sur leur facture.
-Augmenter les gaz à effet de serre: en effet, l’ électricité produite par le voltaïque et surtout par l’éolien est par nature intermittente et aléatoire, donc nécessite en parallèle une électricité plus fiable provenant de nouvelles centrales à combustibles fossiles ou nucléaires!
L’Allemagne, par exemple, est en train d’augmenter ses émissions de CO2 en raison des centrales à charbon qu’elle construit en parallèle de l’éolien.
Interview de Sudradio de Fabien Bouglé: « Eoliennes, la face noire de la transition écologique »:
– Réduire les espaces naturels: Le photovoltaïque, de par son faible rendement au mètre carré, est extrêmement consommateur d’espaces naturels.( De plus, les panneaux voltaïques sont très fragiles, et moins performants quand ils sont salis par les déjections animales et la poussière . ils doivent être remplacés régulièrement).
Par ailleurs, les oiseaux , pensant que c’est un lac, y sont attirés, parfois s’y projettent et en meurent.
-Polluer durablement la planète par la fabrication même des éoliennes et panneaux voltaïques, qui nécessite des métaux rares extraits principalement en Chine , générant des déchets radioactifs extrêmement polluants filtrant dans les nappes phréatiques (provoquant par exemple des leucémies pour les riverains), véritable désastre écologique.
Il est à noter par ailleurs que la fabrication, l’assemblage , le transport , l’installation, l’entretien et le démantèlement de ces nouvelles technologies nécessitent de l’énergie fossile en permanence…
Par ailleurs, rien de tout cela n’étant recyclable , les communes se retrouveront des dizaines d’années plus tard à devoir gérer un démantèlement coûteux si l’entreprise a mis la clé sous la porte, comme cela risque d’être souvent le cas *au bout de 25 ans d’exploitation (ou même 65 ans : lire l’ excellent et drôle article suivant « Les Don Quichotte de Franche -Comté « de Marianne, si tout cela n’était à pleurer).
*Pour info à propos de Barrettali : l’entreprise qui se propose d’y implanter une centrale photovoltaïque a un capital de 3000 euros seulement, et n’est qu’une des 8 possédées par la même personne, entre autres sociétés immobilière et financière.
On semble bien loin de motivations écologiques sincères, et quid de son devenir dans 25 ans?
-De plus, les éoliennes nuisent gravement à toute forme de vie dans un rayon de plusieurs centaines de mètres .Un syndrome éolien est maintenant clairement reconnu et identifié en raison des infrasons générés: épaississement des membranes cardiaque et pulmonaire, acouphènes, migraines, sensations insupportables, insomnie, dépression..
Lire l’article suivant de Reporterre à ce propos: « Pour sauver la planète, l’industrie tue les campagnes »:
Et à propos encore des graves nuisances de l’éolien sur toute forme de vie, une émission de la 5: « L’enquête: le vent de la fronde anti-éolien »:
L’Allemagne, les Etats Unis, la Grande Bretagne, se rendant compte de cette grossière erreur, sont en train de réduire les subventions à ces nouvelles technologies, qu’attendons-nous?
Partout en Europe des voix s’élèvent pour dénoncer et faire cesser ce scandale, tandis que notre Cap Corse , encore, (entre autres nombreuses zones choisies en Corse pour ces implantations délétères) s’apprête à doubler la surface de la centrale photovoltaïque de Meria, à en implanter une nouvelle à Barrettali. et à accueillir une bonne dizaine de nouvelles éoliennes vers Rogliano ..
Pourtant, ce sauvage et majestueux promontoire du nord de l’île , de par sa forme étroite (15km seulement) et montagneuse, aurait dû être épargné par ces technologies nouvelles. Et tout particulièrement la côte ouest qui est classée en « Site inscrit ».
Avec plus de 860.000 hectares, la Corse présente de nombreuses zones de moindre impact visuel, ne serait-ce que les abords des villes, déjà largement abîmés par une bétonisation galopante.
S’il avait vraiment fallu du voltaïque dans le Cap, pourquoi par exemple n’a-t-on pas privilégié des endroits comme la mine d’amiante de Canari, la déchetterie de Sisco, les toitures des supermarchés, garages, parkings avant de s’attaquer aux sites remarquables?
Le Schéma Régional Climat Air Energie( SRCAE) de Corse recensait en 2014 les très nombreux village de Corse potentiellement aptes à recevoir de l’éolien, et Sisco, Nonza (pourtant site classé!) et Canari en faisaient partie.(voir page 11 du document suivant)
Lien suivant , le Schéma régional Climat, Air Energie de Corse:
Eoliennes infosanté a réalisé un entretien avec Jean-Louis Doucy ; » L’arnaque de l’éolien »( ancien président de Communauté de Communes, ayant favorisé l’implantation d’éoliennes, à son grand regret) ,son expérience est intéressante;
Il nous faut réagir avant qu’il ne soit trop tard, nous n’aurons pas les moyens de procéder aux démantèlements quand cette bulle financière artificielle aura explosé (des fonds de pension américains, de la Mafia italienne, de Chine, du Canada et d’autres pays participent à cette folie destructrice planétaire) .
La splendeur exceptionnelle de notre terre et l’amour que nous lui portons doivent nous inciter à tout faire pour la protéger de ce saccage , afin de la transmettre intacte, ou en tout cas la moins abîmée possible, à nos enfants.
Pour qu’ils sachent ce qu’est une montagne sans éolienne ou panneaux solaires, et qu’ils puissent se nourrir de ces paysages tant aimés qui nous ont façonnés, émus et éveillés à la beauté .
Voulons-nous cela pour la Corse?

Proposition de pétitions par le collectif Machja Ribella
Pétition 1:
Nous demandons que les sites inscrits de Corse (il y en a très peu , 18 environ et ont été choisis en raison de leur beauté pour être préservés de ce genre d’atteinte) ainsi que les endroits remarquables soient épargnés par ces projets éoliens et photovoltaïques. Nous demandons également que la Collectivité engage une réflexion afin que soit créé un organisme indépendant qui décidera en amont des zones à sacrifier pour le voltaïque, au lieu que ces implantations se fassent au gré des desiderata des maires, sans aucune concertation avec la population.
Et nous demandons que soit respectée la Loi Littoral dans le village de Barrettali, autrement dit que soit immédiatement stoppé le projet de centrale photovoltaïque devant s’y implanter.
Ci-dessous, un lien récent (automne 2019) relatant la suspension d’un projet de centrale photovoltaïque au motif que la loi Littoral s’y oppose.
Pétition 2:
Nous demandons que soient stoppés tous les projets éoliens sur la Corse , délétères pour toute forme de vie à proximité, coûteux, peu rentables, visuellement polluants , avec un démantèlement hors de prix aux frais des propriétaires des terrains, voire impossible.